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Tique géante : faut-il s’inquiéter de sa présence en France ?

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Présente depuis quelques années dans le sud de la France, l’Hyalomma marginatum, ou “tique géante”, est susceptible de transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Quelle est la situation en France et faut-il s’en inquiéter ? On fait le point.

Longtemps cantonnée à la Corse, la présence de la tique géante, ou Hyalomma marginatum, sur le territoire français s’est élargie ces dernières années. Ce parasite, deux fois plus grand qu’une tique classique, est présent dans le sud de la France depuis les années 2010, et peut potentiellement transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC). En octobre 2023, des chercheurs du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) ont mis en évidence la présence de ce virus chez des tiques géantes collectées dans les Pyrénées Orientales, ce qui constitue la première détection de ce virus en France. Néanmoins, aucun cas humain n’a encore été diagnostiqué sur le territoire français.

La tique Hyalomma marginatum est une tique dure de grande taille qui mesure environ 8 millimètres, reconnaissable à son rostre long et à ses pattes bicolores, rappelle le Cirad. Selon un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), ces insectes “ont une prédilection marquée pour les grands vertébrés : chevaux, bovins, ovins et caprins, mais aussi sangliers ou chevreuils”, sans oublier les oiseaux, qui seraient la raison la plus probable de leur arrivée en France. L’agence pointe également du doigt le rôle de “chasseur” de ces tiques, qui se cachent dans le sol avant de poursuivre leur proie, repérée grâce aux vibrations du sol, à l’expiration de gaz carbonique, ou encore l'émission d’odeurs.

Tique géante : où peut-on en trouver sur le territoire français ?

Selon le Cirad, on peut actuellement retrouver cette tique géante dans certaines garrigues et pâtures du littoral méditerranéen, de la frontière espagnole du Var, jusqu’en Ardèche et dans la Drôme. “Nos collectes ont montré que la tique se répartissait sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, dans des habitats naturels ouverts plutôt secs tels que la garrigue ou le maquis, et d’après les modèles climatiques futurs, le climat méditerranéen risque de s’étendre, en particulier dans la vallée du Rhône, et sur la côte atlantique à l’ouest, il est probable que l’aire de répartition de cette espèce s’étende”, a estimé Laurence Vial, vétérinaire acarologue au Cirad, et spécialiste des tiques, dans un communiqué. Le centre de recherche a également précisé que la tique est active au printemps, entre avril et juillet.

Fièvre hémorragique de Crimée-Congo et tique géante : quels sont les risques ?

La tique géante est l’un des principaux vecteurs de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo par le biais de piqûres. Chez l’humain, cette maladie se caractérise par un syndrome grippal avec troubles digestifs, ce qui la rend très similaire à une grippe intestinale classique selon l’Anses. Pourtant, cette affection peut parfois s’aggraver en syndrome hémorragique, létal dans 5 à 30% des cas d’après l’agence. Les symptômes de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo peuvent notamment inclure de la fièvre, des douleurs musculaires, des vertiges, une raideur et des douleurs de la nuque, des douleurs dorsales, des céphalées, ou encore une sensibilité des yeux, a listé l’Organisation mondiale de la Santé.

Si aucun cas humain de fièvre hémorragique de Crimée-Congo n’a été signalé en France, le virus a été détecté en octobre 2023 chez des tiques Hyalomma marginatum collectées sur des bovins dans les Pyrénées-Orientales. L’Anses ajoute qu’une dizaine de cas humain autochtones ont été recensés en Espagne depuis 2013, dont certains ont entraîné le décès des malades. L’agence insiste dans son dernier bulletin du 26 avril 2024, sur le fait que la transmission du virus à l’être humain en France est donc possible.

Contamination au virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo : les recommandations de l’Anses pour s’en protéger

Si les risques de contamination au virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo restent actuellement minimes en France, l’Anses a partagé les bonnes pratiques à adopter :

  • porter des chaussures fermées et des vêtements couvrants de couleur claire lors des promenades dans la nature, pour mieux repérer les éventuelles tiques ;
  • éviter de marcher dans les herbes hautes, les buissons et les branches basses ;
  • utiliser éventuellement des répulsifs cutanés autorisés sur le marché, en respectant les préconisations d’usage ;
  • s’inspecter notamment au niveau des plis de la peau au du cuir chevelu, au retour des promenades en forêt, dans le maquis et la garrigue ou dans le jardin ;
  • en cas de piqûre, détacher immédiatement les tiques fixées à l’aide d’un tire-tique, une pince fine ou à défaut ses ongles et désinfecter la plaie ;
  • surveiller la zone de piqûre pendant plusieurs jours et consulter son médecin en cas d'éventuels symptômes

Sources :

  • La fièvre hémorragique de Crimée-Congo, un risque d’émergence en France - Anses - 26 avril 2024
  • Première détection du virus de la Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo dans le Sud de la France - Cirad - 25 octobre 2023
  • Analyse des risques pour la santé humaine et animale liés aux tiques du genre Hyalomma en France - Anses - mai 2023
  • Fièvre hémorragique de Crimée-Congo - Organisation mondiale de la Santé
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